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Collaborations artistiques

“Métissages 100%” : le premier roman d’Altay Manço

Premier roman d’Altay Manço, Métissages 100 %, est au croisement inattendu de deux « routes de soi ». Une jeune femme issue de l’immigration faisant carrière dans la mode, en conflit avec ses parents traditionalistes, et un professeur d’histoire et de langues orientales dont la vie tourne en rond. Sur fond de négociations de l’adhésion de la Turquie à l’Union européenne, nos héros sont menés d’aventures en épreuves, de Bruxelles à Istanbul, à la recherche de leurs idéaux : 100 % d’improbables métissages.

 

« Pris par le flux des préoccupations que je m’invente, je me ferme. C’est la carapace de l’insecte. Je zappais, tourbillonnais, surfais, papillonnais. Et bien, pensez maintenant ! Pensez à vous, pensez au nous. Pansez le “Je-Nous” ! Mon manteau sur le dos et un sac à l’épaule, je découvre une difficulté insoupçonnée : se déplacer en béquilles. Sillonner les couloirs me fait suer. J’espère ne pas attendre le taxi dans le froid. J’arrive à grand-peine devant l’entrée principale de l’hôpital ; l’imposante porte coulisse sur l’avenue, une violente averse s’abat assombrissant la scène. Le claquement des gouttes sur le trottoir sonne comme des applaudissements… Filiz est là ! Devant moi ! Elle est simplement vêtue de sous-vêtements en dentelles et de bas de soie. Accrochée à son téléphone, le visage grave, elle dit : “J’ai des hauts et des bas” ».


METISSAGES 100% par Altay Manço par InstantsProductions


Ecoutez Altay Manço sur Radio 28 Verviers


Interview express d’Altay Manço à l’occasion de la parution du roman « Métissages 100 % »

— MB : Altay Manço, qu’est-ce que « Métissages 100 % » ?

— AM : C’est un roman qui parle de nous. De nous tous. La question est « qui est-on ? », individuellement et collectivement. Celui ou celle que l’on prétend être ou celui que l’on est en réalité ? Et comment le savoir ?

— MB : C’est une histoire ?

— AM : Bien sûr, plusieurs histoires entremêlées. D’abord celle d’un professeur isolé dans un monde académique qui donne l’impression de ronronner sans s’investir dans le concret. C’est ensuite l’histoire d’une jeune créatrice de mode issue de l’immigration, en rupture violente avec sa famille porteuse de valeurs conservatrices. C’est l’histoire de leur rencontre, de leur complémentarité, de leur recherche d’eux-mêmes et de leur transformation. Le tout sur fond d’une douloureuse construction européenne : « qui est Européen ? Qui ne l’est pas ? »

— MB : Mais ces questions sérieuses vous les abordez sur le ton de l’humour.

— AM : Exactement. L’humour et le divertissement. Je pense que l’échange d’idées se passe au mieux quand cela se base sur le plaisir partagé. Je me suis vraiment bien amusé en écrivant ce roman. Peut-être est-ce pour cela que cela a pris tant de temps (rires…) ?! J’y joue avec l’Histoire, les langues, les noms, les idées… tout ce qui fait que nous sommes ce que nous sommes. J’espère que cela amusera et intéressera également les lecteurs. En fait, j’y traite des sujets qui me préoccupent dans mon travail de psychologue et de formateur : l’identité, les relations interculturelles, les préjugés…, mais sur un mode totalement décalé, très différent de mon habitude. C’est la force de la fiction.

— MB : On dirait que le personnage principal du roman c’est « l’Autre » ?

— AM : Bien vu ! La difficulté est de vivre son identité comme une essence pure, alors que tout est construction, tout est jeu. On ne devient totalement Soi que lorsque l’on accepte l’Autre qui est en nous. C’est la paix et le respect. C’est ainsi que nous devenons des « métissages », à 100 % !

(Réalisée par Marianne Bonton)